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Par vcbeauchamp le 17 Mai 2018 à 19:43
« LA MAGNIFIQUE » : RANDO CYCLO-SPORTIVE À ROCHEFORT. ELLE N’A PAS VOLÉ SON NOM !!
Entre Famenne et Ardenne, entre la province de Namur et celle du Luxembourg le V.C. Rochefort a réuni près de 1300 cyclos sur des parcours sportifs de toute beauté. Un soleil printanier a honoré les organisateurs, les partenaires et les bénévoles de ce club wallon de la fédération francophone de cyclotourisme belge, connue aussi sous le nom de vélo-liberté.be (internet).
Magnifique organisation, sans faille. De superbes parcours de 50 km à 180 km pour découvrir cette région, un fléchage irréprochable (panneaux doublés d’un marquage au sol et des fichiers .gpx téléchargeables). Impossible de s’égarer! Des ravitaillements bien fournis, un excellent accueil et des motos bienveillantes prévues pour porter assistance. Inscription pour 5 €.
Certains y viennent en groupes pour la performance sportive et tester leurs capacités le nez dans le guidon, d’autres en petits groupes ou seul, pour profiter d’une belle balade comme ce fut mon cas.
J’ai choisi le parcours « grand modèle » : 180 km et 3300 m de dénivelé, au départ de Rochefort. Nos amis belges appellent cela un brevet à dénivelé ou encore un brevet de cyclo coteur (tricoteur à mon avis).
Mis à part les trois premiers kilomètres du départ pour rejoindre la première bosse et un petit secteur de plat en fin de parcours, c’est un véritable toboggan. Montées et descentes, sèches ou longues, alternent sans répit, tantôt à l’ombre des forêts, tantôt au grand jour sous le soleil dans les prairies des plateaux, tantôt dans les vallées au bord des rivières ombragées, tantôt dans les villages où, solides comme des rocs, les maisons ardennaises en grès gris ou multicolores arborent une inaltérable solidité. La couverture d’ardoise est de mise ici.
Ce parcours offre au cyclo baladeur le spectacle permanent de jeux d’ombres et de lumières dans les écrins de verdures aux couleurs changeantes de cette magnifique région. Au vert sombre des forêts de sapins, succède le vert des ormes ou des hêtres puis le vert tendre des prairies fleuries envahies de pissenlit qui leur donnent la blancheur du coton ou de l’écume.
A la fraîcheur des forêts succèdent dans les herbages les rayons de soleil qui réchauffent le dos ou les jambes. Les odeurs agréables des arbres en fleurs envahissent les narines. De temps à autre un vol de rapace passe au dessus d’une prairie à la recherche d’une proie, des montgolfières sont là presque immobiles dans le ciel comme de gros ballons revêtus du costume d’Arlequin. Sur ces routes tranquilles et silencieuses on croise les groupes de marcheurs, quelquefois une voiture qui ne vous agressera pas. La forêt est parfois plus bruyante : les bûcherons travaillent dur et exploitent la ressource qu’est le bois. Chaque maison a son tas de bois en guise de clôture. L’habitant, ici, ne craint pas d’être squatté ! On y aperçoit aussi, fondus dans la masse, des chalets nichés au creux des bois, occupés par des citadins qui viennent retrouver le calme et la tranquillité. Ils nous encouragent.
Certains de mes amis me disent souvent à quoi penses-tu pendant ces longues heures de vélo? Tu ne t’ennuies pas ? Eh bien non ! En contemplatif que je suis, je laisse aller mon regard vers ce qui est beau, vers ce qui vit en laissant mon esprit aller vers des souvenirs ou réfléchir, au calme et dans la solitude, aux sujets que me passent par la tête. J’oublie même parfois que je pédale. Quelquefois mes jambes me rappellent tout de même à l’ordre et je dois me concentrer sur mon effort comme dans la cote du Fourneau Saint-Michel en allant sur Saint-Hubert, pour franchir les 18 % secs au pied de cette montée qui se poursuit ensuite sur 4 km à 7 % moyenne.
Ce magnifique parcours par la beauté d’une nature en train d’éclore nous rappelle aussi la triste histoire de la seconde guerre mondiale où ces lieux furent le théâtre d’une terrible bataille. Il nous conduit aussi vers des lieux insolites qui surprennent. Il n’est pas rare au détour d’une route d’emprunter un chemin des maquisards ou d’apercevoir des croix blanches en plein milieu d’une forêt à la mémoire de ceux qui sont tombés là pour notre liberté. Il n’est pas rare non plus de croiser des convois de jeeps américaines restaurées par des associations locales très attachées au devoir de mémoire.
Au sommet de la cote de Redu, près de Daverdisse, c’est un autre monde. Sur un plateau dénudé, un champ parsemé d’immenses paraboles blanches tournées vers le ciel vous tombe brusquement sous le regard dès que vous levez le nez du guidon au sommet d’une rampe à 15 %. On entre là dans « star wars ». A regarder de plus près on y voit tous les drapeaux des nations de l’Europe. Un peu plus loin un panneau indique (Agence Spatiale Européenne). C’est la station belge de l’ASE (ou ESA in english) que je venais de découvrir.
Les kilomètres défilent. Je ne compte plus les bosses ni les descentes, je me contente juste de lire les panneaux soigneusement plantés au pied de chaque montée par le club de Rochefort informant le cyclo de la longueur de la montée, de son pourcentage maximal et moyen pour choisir d’entrée de jeu le bon braquet et ne pas coincer plus haut. Nombre de cyclos me dépassent au pied de chaque bosse, j’en rejoins la plupart quelques centaines de mètres plus loin en les laissant cheminer à leur allure.
Faire un tel parcours suppose de bien gérer son effort et son alimentation sous peine de la terrible sanction d’une panne de jambes. Arrivé au troisième et dernier ravitaillement, au kilomètre 145, je ne manifestais pas l’envie d’en finir rapidement mais regrettais simplement qu’il ne me restait plus que seulement 45 km de plaisir et de bonheur sur ce merveilleux parcours par cette belle journée. J’avais presque envie de faire demi-tour pour revoir ce que j’avais déjà vu et que je ne voulais pas oublier.
De retour à Rochefort, une petite douche, une bonne bière, un petit casse-croûte et direction Hérouville pour y passer une magnifique nuit où j’ai refait ce parcours de rêve sans avoir, pour m’endormir, à compter les moutons ou les sapins que j’avais vus.
Amis cyclos, osez la Belgique et l’Ardenne. C’est dur, mais magnifique sous le soleil. Pour le plaisir deux ingrédients sont indispensables : avoir un minimum de condition physique et être à peu près sûr de la météo du jour. La recette consiste à réserver l’hôtel (ou un gîte d’accueil) longtemps à l’avance et d’annuler 48 heures avant si les prévisions météo s’annoncent mauvaises et si vous ne voulez pas que la partie de plaisir se transforme en véritable galère. Une autre recette consisterait à regrouper des volontaires du club pour aller faire cette rando un jour de notre choix (au printemps ou à l’automne). En août, le rallye des cimes de Marche en Famenne n’a rien à envier à la Magnifique. S’il vous tente, n’hésitez pas !Mais « La magnifique » est vraiment magnifique.
Ces randos ardennaises valent bien les plus belles randos d’Auvergne, du Jura, des Pyrénées ou des Vosges pour ceux qui ne craignent pas les bonnes grimpettes.
Francis Poupel
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